sont passés les non urinoirs ?

Vertige : un urinoir sans trou

auquel on a ôté la verge

Michel Leirichtenberg

Le théâtre nous apprend

à ne pas prendre

les vanternes

pour des lessies

et vycée de Lersailles

P.Rubu

 

Hier soir – enfin, le temps que j’écrive ce texte c’est déjà avant-hier – je suis allé voir … quelque chose, dont je connaissais seulement le titre, très art contemporain : CECI N’EST PAS UN URINOIR

Quand vous voyez ce genre de phrase, à moins que vous n’ayez jamais réussi à passer vos examens de magrittologie élémentaire, vous pensez immédiatement qu’on va vous montrer un urinoir qui à certains égards ne sera pas un urinoir : une réplique de l’urinoir-fontaine de Duchamp, par exemple, dans laquelle il est déconseillé de pisser si vous ne voulez pas écoper d’une amende assez élevée et peut-être même d’une peine de prison pour atteinte à une œuvre d’art (un certain Pinoncelli, qui trouvait – à juste titre – qu’il était aberrant qu’une œuvre profanatrice ne puisse pas être profanée à son tour, a été sauvé une fois par Malraux, je crois, mais a dû payer quand une autre fois il a cassé la chose – ce qui était plutôt égoïste, vis-à-vis d’autres éventuels pisseurs de passage. Après tout, pourquoi le syndrome de Stendhal, dans un contexte d’art contemporain, ne se traduirait-il pas par une irrésistible envie de pisser sur des « oeuvres » si problématiques ?)

 

Vous imaginez, par exemple,

 

plusieurs urinoirs, les uns à côté des autres, ce qui déjà justifierait le titre de l’exposition (dans l’esprit de la blague inusable : – qu’est-ce qui est plus noir que le cul d’une mine de charbon ? – les culs de deux mines de charbon !)

ou bien les mêmes plusieurs urinoirs de type masculin classique réservés aux femmes

ou bien les mêmes encore retournés façon Fontaine de R.Mutt – M.Duchamp et réservés aux hommes

ou bien divers récipients dans lesquels, exceptionnellement, on recueille de l’urine

ou bien une photo du courtisan vieilli qui avait ridiculisé Grégoire Ponceludon de Malavoy, le héros de l’excellent film de Patrice Leconte Ridicule, au moment où le dit héros, lui-aussi vieilli mais moins, lui exprime sa reconnaissance en lui pissant dessus (non sans avoir préalablement asséché les marais des Dombes, ce qui est aussi un problème d’urinoir)

ou bien un drapeau du Danemark dont le compissage a valu au jeune Erik Dietman d’être exclu de je ne sais plus quel lycée

ou bien un urinoir géant, dans lequel on aurait installé un hamac, un salon, une télévision passant en boucle les métamorphoses duchampo-ucelliennes de Jean Sabrier (« Furinoir » : Fontaine réfléchissant « La bataille de San Romano » de Paolo Uccello devant Guerriers de Marsden Hartley), sans oublier, dans un coin, un urinoir fonctionnel (avec peut-être un avertissement ATTENTION URINOIR MÉCHANT !)

ou bien une fontaine installée au plafond, avec l’inscription URINOIR

ou bien une bouteille à moitié pleine ou vide de vin du Jura

ou bien un masque en forme d’urinoir d’où sortirait une voix racontant l’histoire de Kalinine, que Milan Kundera raconte dans La fête de l’insignifiance : Kalinine était un dirigeant soviétique sous Staline que sa prostate obligeait à aller pisser très souvent, alors Staline, qui pratiquait aussi l’humour jaune, faisait trainer les réunions du Comité Central du Parti pour qu’il soit forcé de pisser dans son froc. Pour le récompenser de s’être prêté avec tant de complaisance à ses petites plaisanteries, Staline a donné son nom à ce qui était auparavant Koenigsberg, la ville où Emmanuel Kant a, littéralement, passé sa vie, et Kaliningrad est la seule ville rebaptisée par les communistes qui n’ait pas été re-rebaptisée après le retour – de principe – à la démocratie libérale

ou bien une vespasienne d’où sortirait la voix d’Alphonse Allais s’exclamant : « C’est tellement bon ! Moi, si j’étais riche, je pisserais tout le temps ! »

ou bien un urinoir de station service allemande, où des mouches sont imprimées, avec la précision : On a souvent besoin d’un plus petit que soi

ou bien une tentative de vérification expérimentale du théorème lui-aussi expérimental : « S’aimer, ce n’est pas se pisser l’un sur l’autre, mais pisser dans la même direction » (pour être concluante, l’expérience devra être répétée 1. avec un couple hétérosexuel 2. avec un couple homosexuel masculin 3. avec un couple homosexuel féminin)

ou bien des films destinés à préciser l’exactitude ou le sens d’ expressions comme Il pleut comme vache qui pisse, Laisser pisser le mérinos ou Pisser contre le vent

le règlement d’une société où les expressions « avoir un laisser pisser » ou « Laissez pisser » auraient un sens

Une tête de sanglier avec la légende Ceci est une hure noire

Une coupe en cristal en forme d’urinoir, remplie de fruits jaunes (bananes, mangues, poires, mirabelles, …)

Un U qui se gondole avec une expression sinistre (légende : U rit noir)

Une grande pipe légèrement rectifiée de manière à pouvoir servir d’urinoir (Légende : Ceci était une pipe, une fois)

Une pierre tombale dans le sud des États-Unis, avec l’inscription Ceci n’est pas un urinoir (this is no urinal), à côté de la tombe de Vernon Sullivan

Une femme noire très en colère (Légende : ceci est une furie noire)

une allée d’urinoirs géants qui font les sphinx en vous demandant « Qui suis-je ? » et vous déversent dessus, si vous répondez « Un urinoir », un liquide dont je vous conseillerai de ne déterminer la nature qu’après l’avoir évité

une collection de yonis [vulves plus ou moins schématiquement représentées dans l’art hindouiste] (Légende : ce ne sont pas des urinoirs) faisant face à une collection de lingas [sculptures parfois très réalistes, mais le plus souvent cylindres pudiques dont nombre de dévots, à en croire Odilon Vallet, affirment ignorer la signification sexuelle (comme Brâncusi(1876 – 1957) refusait d’admettre que certaines de ses sculptures puissent avoir une signification sexuelle, ou comme inversement les douanes américaines ont longtemps refusé de reconnaître le statut d’oeuvres d’art aux sculptures abstraites du même Brâncusi [c’est grâce à son procès contre les États-Unis, en 1927, qui a abouti à la reconnaissance juridique de l’art abstrait, que l’urinoir-fontaine de Duchamp a pu, bien plus tard, être pleinement reconnu comme œuvre d’art, et que plus personne ne sait s’il pisse dans de l’art ou dans de l’urinoir]) (Légende : ce ne sont pas des fontaines)

la fameuse citation de Saint-Augustin, « Nous naissons entre excréments et urine » (traduction twitterocompatible : « We are all born between piss and shit » ou, en français, « Maman Papa Pipi Caca) ne serait pas hors de propos

une photo des organes sexuels d’un(e) transsexuel(le) avant et après opération (Légende : ceci est une fontaine devenue urinoir ? Un urinoir devenu fontaine ?)

une collection de photos de montagnes sacrées, arbres cosmiques, lingas géants, mégalithes (menhirs celtes, pierres d’Arabie, phallus monumentaux), ziggourats, tours flèches, clochers, campaniles, minarets, stupas, gratte-ciel, sans oublier la colonne sans fin de Brâncusi (légende : ce ne sont pas des fontaines ?) et en vis-à-vis une collection de photos de yonis, rosaces, coquilles, cercles, mandorles, canyons, lits de torrents, rivières, fleuves, mers, océans, entrées de cavernes, … (légende : ce ne sont pas des urinoirs ?

un arbre compissé par des chiens avec une plaque CECI N’EST PAS UN URINOIR – avec traduction en langage chien – destinée sans doute à leur faire comprendre que ce qu’ils font est mal

« Pour les latins le sacré (sacer) était ambigu, consacré aux dieux et chargé d’une souillure ineffaçable, auguste et maudit, digne de vénération et suscitant l’horreur ». Cette remarque de Benveniste (1902 – 1976), dans le Vocabulaire des institutions indo-européennes (1969), serait peut-être plus utile, pour nous, que l’avertissement précédent

des photos de prostituées sacrées (il paraît qu’il en existe encore, en Inde, dans le Karnatka) et de religieuses chrétiennes (légende : urinoirs sacrés ?)

des représentations de la kundalini (force du serpent de Shiva, et source de toutes les énergies sexuelles et spirituelles, qui se trouve à la base de la colonne vertébrale, derrière les organes génitaux, et remonte jusqu’à la tête en passant par six chakras ou cercles de rencontre du psychique et du physique) (légende : Ne dis jamais « Fontaine, je ne boirai pas de ton eau »)

des photos de volcan (légende : Fontaine ?)

un exemplaire de La vie sexuelle de Catherine M. (légende : une femme urinoir ?)

des boîtes de Lou Dubois, par exemple celle qui tourne autour de Lequeu (Cf http://nouvelles-hybrides.fr/wordpress/?p=6266) (Légende : ceci est nœud pas)

le premier des axiomes de complémentarité chromatique de Jean Dupuy :

TROU

VERGE

(légende : comment ne pas se taire ?)

une reproduction ou une copie d’un célèbre tableau d’un grand peintre italien de la Renaissance (légende : urinoir qui H.O.O.Q)

une reproduction de Broadway Boogie Woogie de Piet Mondrian (1872 – 1944), que Salvador Dali tenait pour le plus grand des « cocus du vieil art moderne » (légende : urinoirs et fontaines fichent un foutu foutoir et vous emm…* ! [la fin de la légende est illisible : sans doute, « et vous emmènent boire un verre, ou plus si affinités »])

« Peut-on prédire avec certitude l’échec d’un café dont les toilettes seraient à l’étage et qui serait nommé L’urinoir ? Pourquoi est-ce que nager longtemps fait pisser des litres d’eau qu’on ne se souvient pas d’avoir bu ? »

La très sagace interrogation d’Odile Krok dans Croquotidiens (dont une lecture vous sera proposée par Jean-Claude Moreau et sa girl’s band les vendredi 13 et samedi 14 juin, à 20 h, au 36 manières, à Déols – je n’ai pas de conseils à vous donner, mais, par les crocs du grand Krik et les cris de la grande Krok, se priver d’une occasion d’aller lécher les alléchantes allégations parallèles d’une alligatore pas trop torve dans une allée de palétuviers bercés par les alizés …) serait aussi, ici, à sa place (Cf http://nouvelles-hybrides.fr/wordpress/?p=4696)

une reconstitution des toilettes à la turque qu’on trouve encore dans certaines aires de repos, et qui vous nettoient les jambes jusqu’aux cuisses si vous n’avez pas pris la précaution de vous placer à deux mètres du trou (légende : ceci n’est pas un bidet)

une photo de « pisseuse » qui permette à ceux et celles qui n’ont jamais compris pourquoi on les appelait comme ça d’accéder enfin au satori du pipi (féminin) (légende : tell me why yyyy …. you cry)

une photo de prisonnier irakien sur lequel pisse – fièrement – un soldat américain

un article sur l’ondinisme et des « perversions » sexuelles apparentées. De Wikipédia, par exemple : L’ondinisme (également appelé urolagnie, urophilie, ou plus familièrement douche dorée, pluie dorée, ou jeu de pisse1, ou golden shower) est une paraphilie caractérisée par une forte excitation érotique liée à l’urine2. Le terme provient du mot grec (ouron, « urine », et lagneia, « désir »)3.

Les individus appréciant l’urolagnie peuvent apprécier d’uriner sur/au-dessus d’autres individus également. Certains participants peuvent boire l’urine ; cette pratique est connue sous le terme d’urophagie, ce qui réfère à un breuvage d’urine sans attouchement sexuel. D’autres enthousiastes de l’urolagnie peuvent participer à une scène de domination et soumission, à travers laquelle l’urine peut être incluse.

L’urolagnie est souvent associée à l’omorashi, bien qu’en provenance de la culture occidentale, l’omorashi est typiquement distinguée de l’urolagnie, avec d’autres termes familiers.

En tant que paraphilie, l’urine peut être bue ou simplement aspergée sur, ou dans, un individu. D’autres variations incluent les individus mouillant leurs pantalons. D’autres formes d’urolagnie peuvent inclure une tendance à être sexuellement attiré en reniflant l’urine en provenance d’un vêtement ou d’une partie du corps. Pour certains individus, le phénomène peut inclure le fétichisme de la couche et/ou un comportement d’infantilisme. Enfin, un homme consommant l’urine d’autres hommes, particulièrement dans des pissotières, est appelé un soupeur.

Une reproduction de la Danaë du Titien (légende : la femme dans la fontaine d’or )

un garçon ou une fille buvant à la régalade (légende : j’ai longtemps cru que c’était « à la rigolade »)

un nez qui coule (légende : ceci n’est pas une fontaine)

un nez à l’envers (légende : ceci n’est pas un urinoir)

un pot de chambre (légende : urinoir polyvalent)

un seau  (légende : urinoir potentiel)

un agrandissement d’un dessin où l’on voit la Castafiore chantant « Ah, je ris de me voir si belle en ce miroir ! » (légende : urinoir – à peu près – de bonne humeur)

la méthode de Sterne pour deviner si un homme a une grande fontaine ou discuter l’importance de la taille de la fontaine (Cf La vie et les opinions de Tristram Shandy, gentilhomme )

L’origine du monde de Courbet (légende : ceci est un furinoir)

l’énorme phallus rouge que Louise Bourgeois déjà pas mal vieille mais au regard bien vif portait sous le bras (légende : femmes, préférez les fontaines portatives !)

une gueule de crocodile grande ouverte (légende : il y a des urinoirs dentés)

un Manneken Pis, en condescendante activité (légende : Mèzalor ! Mèzalor ! L’urinoir, c’est nous !)

n’importe quelle peinture de Rudolf Fila (1932), qui est un des très rares artistes contemporains à avoir parfaitement compris l’invraisemblable loi de complémentarité universelle des urinoirs et des fontaines, des urinaines et des fontoirs, des furitoirs et des uonaines, des fuoritaires et des uunoirs, … (Cf http://nouvelles-hybrides.fr/wordpress/?p=6424 ; http://nouvelles-hybrides.fr/wordpress/?p=5736 ; http://nouvelles-hybrides.fr/wordpress/?p=4208)

n’importe quelle « peinture en nature » de Daniel Fischer (1950) (légende : la nature est faite d’une infinité d’urinoirs tous différents, qui ne peuvent être remplis chacun que par une fontaine) (Cf http://nouvelles-hybrides.fr/wordpress/?p=6060 ; http://nouvelles-hybrides.fr/wordpress/?p=5736 ; http://nouvelles-hybrides.fr/wordpress/?p=4208;http://nouvelles-hybrides.fr/wordpress/?p=1759 ; http://nouvelles-hybrides.fr/wordpress/?p=205

n’importe quelle oeuvre de François Bouillon, qui ne cesse de nous rappeler au mystère universel de l’androgyne originel (Cf http://nouvelles-hybrides.fr/wordpress/?p=5395 ; http://nouvelles-hybrides.fr/wordpress/?p=3707 ; http://nouvelles-hybrides.fr/wordpress/?p=1988)

la célèbre photo de Bruce Nauman (1941) faisant la baleine et/ou une photo d’une baleine faisant Bruce Nauman (légende : ça y en a fontaines ?)

N’importe lequel des trompe l’oeil transcendantaux de Milan Bočkay (1946), plus particulièrement ceux qui relèvent du cycle des « Ceci n’est pas » (http://nouvelles-hybrides.fr/wordpress/?p=5324 ; http://nouvelles-hybrides.fr/wordpress/?p=5736) (légende : ceci est un Ceci n’est pas)

un chapeau (légende : vous feriez mieux de ne pas mettre ce chapeau s’il a été pris pour un urinoir)

la lune (légende : allez y pisser d’abord !)

la photo d’une femme infidèle sur laquelle Jacques Brel pisse et pleure (légendes : 1. urinoir n’est pas toujours une vocation 2. elle s’en tire à bon compte, ailleurs elle aurait été lapidée)

port dans lequel des marins pissent en choeur (légende : ceci, hélas, devient un gigantesque urinoir)

les Nouveaux Objets de Compagnie de Clark-Superman (cf http://nouvelles-hybrides.fr/wordpress/?p=6134) (Légende : ceci est un urinoir à la mode)

la video sur Pierre Pinoncelli et « lurinoir » de Duchamp (http://www.youtube.com/watch?v=JUYsWad-fXE) (légende : ceci est quelqu’un qui a pissé dans une œuvre d’art qui ressemblait étrangement à un urinoir, ou bien dans un urinoir qui avait été incompréhensiblement métamorphosé en œuvre d’art sans cesser d’être un urinoir)

une photo d’un trou noir (les astrophysiciens nous donnent tellement de clichés incroyables, ils doivent bien pouvoir photographier le rien, non?) (légende : encore faudrait-il que quelqu’un y urine, pour qu’un trou noir soit un urinoir)

le seau obturé par un miroir du monogrammiste T.D. (Dezider Tóth 1946) (légende : un miroir peut-il être un urinoir ? De quel côté ?)

les objets-urnes vides du même (légende : les morts n’ont plus besoin d’urinoirs)

une reproduction de la Fontaine de jouvence de Lucas Cranach l’ancien (1546 Berlin, Staatliche museum) (légende : un urinoir dans lequel on pisse sa vieillesse, et une fontaine de laquelle on ressort jeune à nouveau – pourquoi ce mythe de renaissance est-il resté à la Renaissance ?)

le sol d’une grotte, avec des stalagmites, et le plafond, avec des stalactites (légende : prière de ne pas pisser trop vite)

une réplique du porte-bouteille de Duchamp (légende : urinoir ou fontaine ?)

 

bref, on pouvait penser que ceux qui avaient choisi un tel titre n’auraient eu que l’embarras du choix

 

au lieu de quoi ….

 

on nous a distribué des « gris-gris » pour un « rituel », puis on nous a fait mettre en cercle dans une grande salle obscure, avec des images de plage déserte projetées sur quatre écrans autour. Un jeune type s’est mis à danser anarchiquement au centre du cercle, vite rejoint par un autre qui jonglait. Ils nous ont demandé de nous asseoir, de nous relever, de nous rasseoir. Le danseur s’est recouvert la tête d’une carte de France, puis son comparse l’a recouvert d’une couverture jaune orange qui le faisait vaguement ressembler à un ours, qui nous a invités à venir prendre le micro qu’il posait au centre du cercle pour nous débarrasser de notre traumatisme le plus fort (j’étais bien tenté d’aller raconter que mon expérience la plus traumatisante avait eu lieu un samedi de mai 2014 à Déols lorsque, croyant trouver le snark du non-urinoir, j’étais tombé sur un horrible Boojum, mais je ne me sentais pas en veine d’improviser les vers indispensables pour décrire une telle abomination, et il me semblait me rappeler que Lewis Carroll avait déjà raconté quelque chose de semblable, bien mieux que je ne saurais le faire). Ensuite ils ont ont invité tous les participants à mettre des masques – assez inventifs, j’aurais bien aimé les regarder plus longuement – et à se libérer en faisant ce qui leur plaisait, et beaucoup, avec un sens de la liberté qui aurait ravi le père Ubu, se sont mis à danser …

 

en matière d’urinoir : nada, not a thing, nichts, nib de nib, que dalle, … (ça ne va pas étonner les anagrammistes, qui ont sûrement remarqué depuis longtemps que dans « urinoir » il y a déjà presque tout « rien »)

on n’en a pas vu

personne n’a pissé sur personne (ça, à la rigueur, je suis prêt à être indulgent)

Ils (c’est un collectif basé à La Châtre qui s’appelle Martine à la plage – tout le monde peut pas s’appeler Chez Mémé) ont peut-être voulu dire que ce qui pouvait être pris pour du pipi de chat n’en était pas ?

Du pipi d’un autre animal ?

Ou bien ils croient vraiment qu’on peut comme ça de but en blanc et collectivement exorciser quoi que ce soit d’un peu profond ? Alors …

d’un autre côté, ils semblent avoir réussi à capter l’attention et l’intérêt de quelques-unes des personnes présentes, et pour autant que ces fluides spirituels (l’intérêt et l’attention) soient comparables à l’urine, leur spectacle était peut-être plus urinoir qu’ils ne croient … ou bien les captés étaient des « soupeurs » culturels ?

en tout cas je les remercie pour toutes ces idées qu’ils ont fait venir, même si ce n’était pas leur but (et si je n’ai sans doute rien compris à leur but : , comme disait le crocodile qui refermait sa mâchoire sur son troisième dentiste, non sans verser des larmes de : « nobody’s perfect »)

 

PS: Ça y est ! J’ai bonsanmaibiensûré juste après avoir fini cet article : c’est le carnaval ! Ceci n’est pas un urinoir parce que c’est une reconstitution – très accélérée – des rites de renaissance de la nature du carnaval. Pour un lecteur de Rabelais admirateur de Bosch, Breughel, Ensor, Vachal, Cavanna et Roland Breucker … je ne me félicite pas. Claude Gaignebet aurait compris ça tout de suite, qui a si bien mis en évidence le rôle du réveil de l’Ours, considéré comme ancêtre de l’Homme, dans la détermination des dates des fêtes du Printemps, païennes comme chrétiennes (lisez à http://pierre.campion2.free.fr/gaignebet_metis.htm l’entretien lumineux sur le mariage comme accès au divin qu’il avait accordé à la revue La Métis). Et donc c’était bien un urinoir-fontaine comme la Fontaine de jouvence de Cranach. Et leur « performance » n’était pas du tout si absurde que je l’ai cru. Finalement, je vais peut-être devenir supporter de cette équipe de foot artistique au nom rohmerien. Allez Martine !

 

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  1. Vir prudens non contra ventum mingit