[Le grand Bi, comme certains ignares et même bignares ne sont pas sans l’ignorer, a été inventé – deux ans avant la naissance d’Alfred Jarry – pour aller plus vite que la bicyclette à roues égales pour nains ordinaires, en permettant, par la grâce de sa grande roue – jusqu’à 1,50 m de diamètre – d’augmenter la distance parcourue par tour de pédale, et il a permis de battre des records : 1 mile en 3 minutes, 10 miles en 36 minutes dès 1872, vitesse en sprint de plus de 30 km/h. L’opinion frileuse du grand public vélocipèdophile étant que cette excentrique machine permettait surtout d’arriver plus vite au cimetière, elle (la machine) a vite été remplacée – dès 1890 – par la « bicyclette de sécurité », à laquelle il ne manquait plus que les freins, le changement de vitesse, les pneus, le casque, le tour de France et l’épopée dopée pour se faire à son tour remplacer par la planche à roulettes (quelqu’un qui lit par dessus mon épaule me fait remarquer que le tour de France en planche à roulettes reste à créer : qu’attend-on ?), mais le cycliste américain Thomas Stevens avait déjà accompli le tour du monde sur un grand-bi (en suivant avec une certaine liberté toutefois le modèle de Philéas Fogg – 1872 – puisque, parti de San Francisco le 22 avril 1884, il était arrivé à Yokohama une dizaine de fois 80 jours plus tard, n’avait utilisé – ou alors sans descendre de selle – ni chemin de fer ni paquebot, et n’avait sauvé du feu aucune belle hindoue, son véhicule étant strictement monoplace)]

 

 

 

Grand Bi du musée Škoda,

en République tchèque

prototype à l’étude de la bi-bi

(pop Fricotine)

dans les laboratoires des Frères Lumière, à Lyon

 

 

Comme vous l’aurez compris, le grand Bi est une image de Nouvelles hybrides, revue équilibriste présentant à l’usage certains risques de chute, et modérément équipée de freins, mais permettant de ce fait de penser – en penchant – beaucoup plus vite que les revues équipées de dispositifs de sécurité, non sans fournir des efforts considérablement bien moindres. En demandant aux hautes autorités hallesanpietresques de mettre le hall de leur halle à ma disposition pour faire, en forme d’exposition, une sorte de rétrospective des huit ans huit numéros de Nouvelles Hybrides « papier » (merci, ô hautes autorités hallesanpietresques, d’avoir exaucé mon hallophylicque voeu !), j’espérais voir apparaître un nouveau public pour ces manifestations de tératologie poétique théorique et pratique, dont l’aventure sous forme de revue est très probablement terminée : le vernissage (jeudi 4 juin), la présentation de l’histoire de ces compte-rendus d’investigations en terres fantastiques peu, prou ou mal explorées (dimanche 7) et la lecture dimanche 21, par des suppléants bienveillants, de textes de M.Adman Adam, Odile Krok, Nicéphore Iniepce et du professeur Ding (absents une fois de plus, mais présentant, reconnaissons-le, des excuses intéressantes) m’ont permis de rencontrer des personnes qui semblaient bien réceptives à ce genre de pas si folles folies, et cela, ajouté à la beauté de l’expo et à l’intérêt-admiration spontanés de beaucoup de gens venus pour la première fois ou pour voir la grande exposition des Cahiers dessinés (pensant alors manifestement, dans bien des cas, que ce qui était dans le hall en faisait partie  – ce qui n’était pas si faux, puisque Topor, Willem ou Victor Hugo, par exemple, ont été à l’honneur dans des n°s de Nouvelles Hybrides), suffit à justifier cette action, mais le nouveau public de ces fariboles philosopheuses n’était pas au rendez-vous. Ce sera pour après-moi, peut-être, ou jamais.

     Pour ceux qui n’ont pas pu se rendre à la Halle Saint-Pierre pendant ces trois semaines, voici quelques photos :

de droite à gauche : affiches du comité d’agit-prop de NH;

Fabienne Yvert Sophie Dutertre Josef Vachal ; Guillaume Dégé

Guillaume Dégé

Guillaume Dégé

Guillaume Dégé

Lo TréamontJean-Marc Scanreigh; couv, sommaires, éditos de NHNicéphore Iniepce

François Bouillon ; François Righi Ladislav Novak Rudolf Fila ; Josef Vachal

François Bouillon

Wasthie Comte (d’après Picabia); Jean Dupuy

table pour faire venir les zauteurs zimprobables :

Odile KrokM.Adman AdamProfesseur DingNicéphore Iniepce