Il est fortement question, parmi les twittérateurs qui ont compris que le tweet était un nouvel bel art, continuation et possible dépassement des arts anciens de l’épigramme, du haïku ou, plus généralement, de l’aphorisme, de décerner le premier prix Nobel de Twitterature à Alphonse Allais, à la fois pour l’ensemble de son oeuvre, où les inventions brèves abondent sans rareté (alexandrins très longs et très courts, vers holorimes, fables express, …*) et pour une chanson en particulier, présentée comme caractéristique du « tourbillonnisme »**, mais qui pourrait devenir rapidement l’hymne des twitterateurs de tous les pays (pour respecter la règle fondamentale du tweet – pas plus de 140 caractères -, nous l’avons disposée de manière à ce qu’elle soit twittable en 4 fois seulement) :

°   

Tout au fond du corridor sombre,

les poissons pleuraient lentement*;

Et l’on apercevait dans l’ombre

valser des filles à deux temps. (1/4)

                               °

Au bout d’une heur’ de c’t exercice,

on demanda de toutes parts :

Est-ce un petit feu d’artifice,

ou le gazouillis du têtard ? (2/4)

                              °

                            # REFRAIN

Goui, goui, goui, goui, goui !

C’est le chant de la fauvette.

Goui, goui, goui, goui, goui !

C’est la voix du salsifis. (3/4)

                             °

Goui, goui, goui, goui, goui !

C’est le cri de l’andouillette.

Goui, goui, goui, goui, goui !

C’est le chant du parapluie. (4/4)

                           #A.Allais

                              °

    Vous aussi, si vous laïkez cette chanson gazouilleuse à souhait – et même si vous préférez la fauvette au salsifis, ou l’andouillette au parapluie -, faites-le savoir en la communiquant à tous vos amis, et quand sera venu le moment du prix, votez Alphie !

°

* Cf Par le bois du djinn / Parle et bois du gin – Poésies complètes d’Alphonse Allais – Édition de François Caradec*’ – Poésie / Gallimard (*’ – celui sans qui nous ne connaîtrions que la dix millième partie de tout ce qu’Alphie a écrit ?  – celui-là même, à qui on n’aura jamais assez dit Merci)

** Cf  dans Rose et vert pomme (1894), Un coin d’art moderne

* anticipation contrapunctique de la fameuse chanson de Bobby Lapointe (Si l’on ne voit pas pleurer les poissons / Qui sont dans l’eau profonde / C’est que jamais quand ils sont polissons /  Leur maman ne les gronde) ?