De : etienne.cornevin <etienne.cornevin@wanadoo.fr>
Objet : Adieu à François Caradec
Date : 15 novembre 2008 15:01:15 HNEC
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J’ai appris hier que François Caradec nous avait quitté.
Bon, d’accord, je veux bien admettre qu’il faille faire quelques concessions au principe de réalité, mais mourir est un peu excessif, non ?
Et il trompait bien son monde : quand on l’entendait aux Papous, sa voix grave et enjouée donnait l’impression de quelqu’un qui a su éviter de vieillir.
Et comment faire maintenant pour lui dire ce que ses livres ont signifié pour moi ? L’encyclopédie des farces, attrapes et mystifications, ses éditions des œuvres complètes d’Allais, ses biographies d’Allais, de Christophe, de Ducasse, … c’est grâce à lui que nous avons accès aux sources les plus profondes et les plus pures de l’invention humoristique française la plus durable.
Il a accompli un travail de redécouverte colossal, comparable, pour la « Belle époque », à l’établissement des textes de l’Antiquité par les grands philologues de la Renaissance, avec une rigueur à faire pâlir beaucoup d’universitaires, et sans leur gravité aussi « scientifiquement » ennuyeuse que mensongère.
J’avais l’intention de lui dédier un long essai intitulé
« N’importe où hors dans le monde » sur « l’α.-humour d’Alphonse Allais, humoriste peintre » (résumé du titre : l’α.-h d’A.A., hp).
François Caradec qui a donné leur nourriture à ceux qui ont le tout Allais dans leur nature.
Mais bon, un dédicataire posthume est encore un dédicataire, et il aurait aimé peut-être cet autre hommage, moins direct, d’un poète brachylogue de mes amis :
C’était Alphonse Allais, à Dozule-Putot
Qui disait au chef de gare : Bravo !
Vous auriez ça rue Saint Lazare à Paris
Vous auriez un monde fou ! Si ! Si !
Monsieur le chef de gare de Dozule-Putot.
ETienne Cornevin, le 15.11.2008